Préface
La connaissance des langues indigènes est pour le
missionnaire une condition indispensable sans laquelle son œuvre de régénération
religieuse et sociale des peuples est impossible. Aussi, dès son arrivée en mission,
regarde-t-il l'étude de ces langues comme un de ses principaux devoirs.
Accomplir ce devoir, remplir cette condition, tel a été le but des missionnaires du
S. Esprit et du S. Cœur de Marie dans
leurs travaux sur la langue wolofe.
Rendre utile à leurs semblables le fruit de leurs investigations, telle est leur unique
ambition en livrant au public un nouveau Dictionnaire précédé de
quelques principes sur celte langue.
La langue wolofe, comme on le sait, est parlée dans
presque toute la Sénégambie, et spécialement dans les royaumes du
Walo, du Dyolof, du
Kayor, de Dakar, du Baol, de Sin, de
Saloum, et dans les villes coloniales de S. Louis
du Sénégal, de Gorée et de Se Marie de Gambie. Elle a été importée aussi
en plusieurs points considérables au sud de la Sénégambie par les
traitantes, les ouvriers et les matelots sortis de la colonie du
Sénégal et est devenue dans ces localités la langue des
courtiers. C'est dire assez pour faire comprendre l'importance de l'étude de cette
langue dans l'intérêt des relations commerciales.
Déjà nous avons sur cette langue la Grammaire de
Dard
et son Dictionnaire Français–Wolof et Wolof–Français
, ainsi que les Recherches
philosophiques sur la langue wolofe par
le baron
Roger
. Ces ouvrages qui, au mérite de l'initiative en
joignent bien d'autres, ont été d'un grand secours pour les missionnaires dans leurs
travaux.
On remarquera dans les nouveaux imprimés que l'on a réalisé le vœu exprimé par
le baron
Roger
, celui de simplifier l'orthographe. Les principes
qu'on a suivis sont : 1° l'exclusion de toute lettre inutile : ainsi, tout ce qui est
écrit se prononce et tout ce qui se prononce est écrit ; 2° l'exclusion de toute lettre
à double emploi ainsi une lettre n'a jamais d'autre valeur que celle qu'elle a isolément
dans l'alphabet; 3° chaque voyelle, même accompagnée d'une autre, conservera toujours sa
valeur isolée : ainsi point de diphtongues ; 4° tous les caractères employés qui n’ont
pas de signe particulier ont toujours une de leurs valeurs usitées en
français ou en anglais ; 5° les sons
étrangers aux langues française et anglaise sont exprimés par des caractères ordinaires, mais
avec une accentuation particulière qui servira toujours à rappeler au lecteur que ces
caractères n’ont point leur valeur ordinaire et qu’il faut en chercher la valeur de
convention.
L’expérience a déjà prouvé, par la facilité avec laquelle les noirs apprennent à lire et
à écrire dans leur langue, que l’adoption de cette méthode a été une heureuse
inspiration.
Comme les premiers ouvrages sur une langue non écrite ne peuvent être nécessairement que
très-imparfaits et doivent être regardés comme des échelons pour parvenir à quelque
chose de plus complet, les auteurs du Dictionnaire Français-Wolof
s’estimeront bien heureux de recevoir toutes les observations qui seront de nature à
donner plus de perfection à leur travail dans une seconde édition.
Afin de rendre l’usage du Dictionnaire plus facile, il est
nécessaire de se familiariser d’abord avec les principes élémentaires qui précèdent.